Deep Tech, quels enjeux pour 2020 ?
2018 est sans aucun doute l’année où le terme « Deep Tech » s’est ancré dans le vocabulaire de l’innovation, mais pas seulement. Les Deep Tech sont en pleine effervescence : alors que l’Europe a investi 2,3 milliards d’euros dans le secteur en 2016, elle a doublé cet investissement en 2017, soit 4,6 milliards d’euros.
En France également, les Deep Tech sont perçues comme un véritable outil de concrétisation de l’industrie du futur.
Que sont les Deep Tech exactement ? Comment les différencie-t-on de la « tech » ?
Bpifrance définit les Deep Tech comme un secteur amené à « repousser les frontières technologiques, grâce à des avancées scientifiques qui créeront de véritables ruptures ».
Les Deep Tech englobent notamment la robotique, l’internet des objets, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain. Elles se veulent révolutionnaires et ont vocation à changer nos habitudes.
Alors, comment promettent-elles d’être cruciales pour le futur industriel, en particulier en France ?
Dimension politique et économique
Dans le cadre du projet Industrie du Futur lancé en 2015 (vous pouvez relire notre article à ce sujet ici), elles permettent d’apporter une réelle modernisation des outils de production mais aussi de la gestion managériale, et donc une transformation des modèles économiques. L’intégration des Deep Tech dans l’industrie française permet de relancer la compétitivité industrielle française.
De l’autre côté, les Deep Tech s’appuient sur l’excellence de la recherche publique française, financée par la MIRES (mission interministérielle recherche et enseignement supérieure), qui a mobilisé 13,3 milliards d’euros en 2017.
Cela a permis au gouvernement français d’annoncer la mise en place de mesures pour l’innovation tout au long de l’année 2018. Cela a commencé par l’annonce de nouvelles aides pour les startups des Deep Tech à hauteur de 70 millions d’euros, dans le cadre du fonds pour l’innovation et l’industrie (FII). Le FII, géré par le Ministère de l’Économie et des Finances, soutient le développement des innovations de rupture en France. Intégré à la politique d’innovation française, un conseil de l’innovation a également été mis en place pour mettre en place la stratégie d’innovation du gouvernement, mieux cibler les grands défis et adapter les dispositifs de soutien à l’innovation.
Financement des Deep Tech
Les mesures gouvernementales mises en place arrivent donc avec des dispositifs de financement adaptés. Les Deep Tech ont jusque récemment été largement confrontées aux problèmes de financement.
Les projets Deep Tech reposent beaucoup sur la recherche : cela ne leur permet pas d’être stables, les projets sont risqués. Cela rend les processus de création plus longs, et sont parfois menés à échouer au bout de plusieurs années, après des investissements conséquents notamment en équipement scientifiques et technologiques. L’autre problème qui se pose ensuite est celui d’adapter les travaux de recherche à l’industrie et au monde réel.
Le financement public s’adapte de plus en plus à ces variables. Dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) lancé en 2010, le gouvernement annonce en juin 2018 avec la troisième phase la mise en place du fonds French Tech Seed. Ce fonds est doté de 400 millions d’euros, à destination des startups Deep Tech et son lancement est prévu pour le premier trimestre 2019. Il servira à couvrir les coûts de maturation des innvovations technologiques de ruptures, par le biais de financements en quasi-fonds propres, accordés avec le secteur privé.
Notons également la mise en place de Bourses French Tech Emergence Deep Tech, qui accorde un montant maximum de 90 000 euros soit le double des Bourses French Tech Emergence en vigueur, dans le but de soutenir plus fortement les premières phases d’études et de faisabilité des projets Deep Tech. Chaque année, 10 millions d’euros y seront consacrés.
Sur le concours i-Lab (concours d’innovation d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes), la dotation annuelle sera augmentée grâce à une allocation supplémentaire de 15 millions d’euros.
Enfin, le renforcement du dispositif d’aides individuelles pour les entreprises Deep Tech a également été annoncé. Doté de 45 millions d’euros par an, il va être poussé à 70 millions et réparti de manière égale entre subventions et avances récupérables.
Pas un secteur à part
Au premier abord, on pourrait croire que les Deep Tech sont un secteur à part, qui n’est pas accessible à tout le monde. En réalité, les Deep Tech ont vocation à s’intégrer à tout type de structure, dans tout domaine d’activité.
L’un des enjeux de l’industrie 4.0 est de permettre aux PME et aux industries traditionnelles de bénéficier des innovations Deep Tech. Par la modernisation de leurs processus de production, elles peuvent être amenées à toucher de nouveaux marchés, à atteindre une maturité économique ou à lever des verrous technologiques en intégrant un produit ou un service issu de la recherche.
Les Deep Tech s’adaptent également à tous les secteurs d’activité. On peut les retrouver dans la santé, avec des thérapies alternatives ou des nouveaux moyens de détection d’effets secondaires, mais aussi dans la robotique avec l’intelligence conversationnelle ou l’optimisation des chaînes de production et de distribution, dans la chimie avec des matériaux intelligents, ou encore dans l’environnement avec par exemple la lutte contre la déforestation en utilisant des drones pour replanter des arbres.
Par cette double intégration, les Deep Tech s’annoncent être un outil de transformation prometteur pour l’industrie, permettant d’innover et de répondre à des problématiques de manière différentes. Avec les mesures gouvernementales mises en place pour soutenir cette dynamique, les Deep Tech représentent donc un véritable levier pour la compétitivité française, et peut-être le moyen de tenir le rôle de leader industriel pour la France.
Sources :